Lucide sur sa situation, l’Alsacien Louis Fisher – vingt ans – enrôlé malgré lui par les Allemands, versé chez les SS, a rejoint le front russe. Ce qu’il vit et voit le révolte. Son comportement déplaît : il est fouetté jusqu’au sang. Surtout, son compatriote, aîné et supérieur, l’Oberleutnant Conrad Höffer s’acharne à tuer en Louis tout sens moral, comme il l’a fait en lui-même. Comment espérer sortir de cet enfer où l’avilissement des hommes le dispute à l’horreur des combats ? Fatal destin…
Sujet délicat que les « malgré nous », ces Alsaciens qui combattirent de 1942 à1945 sous l’uniforme feldgrau, et aussi sous celui, noir, des SS, partis lutter contre les communistes, et qui se compromirent souvent dans des exactions ! La fiction que propose Thierry Gloris est, à l’évidence, vraisemblable : sous tout uniforme, il y eut des salauds et des purs. Marie Terray – dont c’est la première oeuvre – illustre à la peinture directe cette histoire d’hommes, la couvrant, par l’effacement de son trait et la douceur des couleurs, d’un voile d’irréalité et d’onirisme. Comme si tout cela ne pouvait être assumé encore aujourd’hui. Comme si davantage de réalisme serait impossible à supporter.