Frédéric, reporter de guerre, arrive en mission dans une oasis en bordure du désert de Somalie. Sous l’uniforme d’un simple soldat, il reconnaît Ayanleh Makeda, marathonien, double champion olympique qui évoque son enfance sur les hauts-plateaux éthiopiens, son parcours exemplaire, son installation à Paris avec femme et enfants. Jusqu’aux jeux olympiques de Pékin où, un contrôle anti-dopage positif le disqualifie brutalement à cet univers. L’opprobre internationale le renvoie dans l’anonymat. Frédéric, passionné de sport, est intrigué par cette tricherie qui cadre mal avec la personnalité du jeune homme.
Dans un foisonnement de couleurs et d’odeurs, Jean Hatzfeld restitue avec ferveur l’atmosphère envoûtante de la corne de l’Afrique (La stratégie des antilopes, NB ocobre 2007, prix Médicis). Frédéric (Jean Hatzfeld lui-même ?) s’attache au destin du champion. Les longues discussions avec Tirunesch, sa touchante épouse, lui permettent de mieux décrypter les mentalités africaines : l’importance accordée au poids de l’Histoire, à la fatalité, l’aspiration à une existence sans guerre, la tentation de l’exil… Dans une langue magnifique, poétique mais sans emphase, il rend compte de la parole d’ êtres blessés. Ce récit qui ne porte pas de jugement, est émouvant par son humanité.