Non, il n’est pas un père admirable. Géniteur de deux fils très handicapés physiquement et mentalement, il est consumé de regrets et pense sans cesse aux enfants normaux qu’ils auraient pu être. Il imagine leurs destins, leurs succès, leurs aventures tout en contemplant les pitoyables moineaux ébouriffés qui lui sont échus. Pour eux, il n’y aura jamais de Noël, de sapin, d’albums de photos, de jeux éducatifs. Ils ne connaîtront ni l’enthousiasme ni la beauté. Le père remâche son amertume sur le mode ironique qui cache une tendresse pudique pour des enfants privés de bonheur qui ne dispensent que de la souffrance. Jean-louis Fournier a déjà écrit plusieurs romans impertinents dont Mon dernier cheveu noir (NB mars 2006). On le retrouve ici drôle et triste, humain, révolté ; il ne se veut pas héroïque, mais véritable dans sa crudité.
Où on va, papa ?
FOURNIER Jean-Louis