Tout le monde s’accorde sur l’idée qu’il faut aider les pauvres, mais les voir acheter de l’alcool, du tabac ou un vêtement de marque pour un enfant, peut choquer. Or l’argent de l’Etat, donc le nôtre, leur est donné sans contrepartie, comme d’autres assistances (gratuité des soins ou autre). Denis Colombi s’élève contre la vision souvent moralisante, stigmatisante et le traitement inefficace de la pauvreté. Le sociologue, conscient d’énoncer une « utopie réaliste », suggère de remplacer les aides par de l’argent sonnant et trébuchant ou même par un revenu universel. Ce serait la fin de la misère qui contraint aux travaux pénibles et mal payés. Le bouleversement de la société serait immense car la pauvreté est, pour lui, consubstantielle au capitalisme sous sa forme actuelle. La position économique et politique sous-jacente de l’auteur est claire. Si le raisonnement n’est pas exempt d’excès et de généralisation, cet essai un peu long décape utilement nos préjugés et notre ignorance sur le sujet. (A.M. et A.Le.)
Où va l’argent des pauvres : fantasmes politiques, réalités sociologiques
COLOMBI Denis