Outre-Atlantique

Martin a été recueilli, encore bébé, sous l’Occupation, par un couple de boulangers français, immigrés ensuite aux États-Unis. En 2010, il travaille dans une maison de retraite californienne où échoue un mystérieux M. Hugo affreusement défiguré, c’est un vétéran de la Wehrmacht, John, pilote de bombardier américain, dont l’avion a été abattu en 1944 en Normandie :il a survécu, mais n’a pu rentrer chez lui que tardivement. D’autres personnages défilent des deux côtés de l’Atlantique, à un demi-siècle de distance, sans rapport perceptible entre eux. Pourtant, des relations ténues ou occasionnelles ont infléchi leurs destins…. La construction en forme de puzzle, déroutante au début, est assez originale. L’écriture est raffinée, l’ambiance plutôt poétique, fraîche, voire romantique, et le talent de conteur bien réel. Les personnages manquent un peu de profondeur psychologique, mais sont variés et bien vus. Ils occupent de courts chapitres très autonomes qui soulignent l’illusion de vies séparées. Sous le récit, l’auteur insiste subtilement sur les thèmes du lien et de l’identité. Comme le roman précédent de Simon Van Booy, L’amour commence en hiver (NB septembre 2012), celui-ci avait tout pour exceller…