Sur l’île de Yeongdo, la jeune Coréenne Sunja aide sa mère veuve à tenir une très modeste pension. Un riche négociant étranger profite de sa naïveté et la séduit… Mais quand Sunja découvre qu’elle est enceinte et que son amant ne peut pas l’épouser, le dilemme est terrible : devenir la maîtresse d’un homme déjà marié au Japon ou vivre dans le déshonneur. Or un jeune pasteur de santé très fragile lui propose de l’épouser et de partir avec lui à Osaka.
Min Jin Lee, née à Séoul mais installée aux États-Unis, a mûri pendant trente ans l’écriture de son deuxième roman dont l’intrigue embrasse plusieurs décennies de l’histoire de la Corée d’abord occupée par le Japon et jusqu’à la tragique scission du pays. Elle décrit de manière minutieuse et passionnante toutes les composantes de la vie quotidienne des Coréens asservis par des colonisateurs intraitables, en particulier dans les années trente. L’exil condamne certains au mépris et aux brimades des Japonais sur des générations, sans autre perspective de réussite que l’industrie très lucrative du pachinko – les machines à sous. La romancière célèbre le courage héroïque et la dignité de gens humbles qui refusent la corruption et luttent pour trouver leur place dans une société fermée qui pratique sans état d’âme une cruelle discrimination ethnique. Un hymne magnifique à une culture menacée et une épopée émouvante qui exalte l’altruisme et la résistance silencieuse. (A.K. et L.D.)