Pain et tempête

BENNI Stefano

Monfeldo, gentil village perdu entre forêt et hautes collines, est menacé de mutation. La municipalité a choisi le désenclavement, la promotion immobilière, l’urbanisation féroce et standardisée. Pour sauver leurs arbres, leurs traditions, leur libre singularité, leur vieux bistrot et la connivence magique qui les lie à la nature, les habitués du Bar Sport organisent la résistance. Sous la houlette de Grand-Père Sorcier, soutenus par la mémoire d’Archimède Archives, ils inventent une stratégie inédite : une compétition de récits improvisés dont la force de frappe est l’imagination. Réussiront-ils ?

 

Spéculation contre écologie : manichéen, le sujet, cher à Stefano Benni (La Grammaire de Dieu : histoires de solitude et d’allégresse, NB mars 2009), n’est pas neuf. Mais sous la plume ruisselante de néologismes naît une écriture savoureuse. Unique. Tonique. Caricatures attendrissantes ou impitoyables campées avec une économie précieuse de précision sous un double sobriquet, un duo d’odeurs et une cascade d’habitudes ou de manies pittoresques, les personnages vivent sous nos yeux amusés comme dans un dessin animé, bruissant et parfumé. Drolatique, poétique, onirique, satirique, féerique, cette fable philosophique est plus efficace qu’un discours militant. Aucune page qui ne fasse sourire, voire franchement rire. Mais l’émotion n’est jamais loin.