Dans la famille Doinel, rien ne va plus. La petite entreprise de transport où travaille le père va être rachetée par un groupe international. La mère, institutrice en maternelle, succombe sous les directives absconses. La fille, ado réservée, se cherche et dévore des mangas aux héros androgynes. Le petit dernier a sept ans – souffre douleur et peut-être surdoué. Même le grille-pain les lâche, suivi de près par le micro-ondes ; quant à la montre du père, elle s’obstine à donner l’heure de Pékin ou de la Mongolie. Justement, chacun découvre, à tour de rôle, la photo d’une yourte plantée à Balbec-Finistère. Kaléidoscope d’une société qui rejette les individus avec autant de désinvolture que l’électro-ménager fabriqué à la va-vite, formatant, jargonnant et licenciant à tour de bras. Si chacun des Doinel est atteint, le mal ne vient pas de la famille. Dans l’univers de chacun – école ou entreprise – on rencontre des humains typés, drôles et pathétiques, et quand un drame survient, la légèreté du ton sait faire passer l’émotion sans pathos. On voit bien que les Doinel ont emprunté plus que son nom au héros de Truffaut ! La recherche du bonheur perdu les conduira à Balbec et bien au-delà, pour rebondir sans céder à l’idéologie baba-cool. 14 ans.
Papa et maman sont dans un bateau
MURAIL Marie-Aude