Parapluie

SELF Will

Dans un état catatonique, Audrey Death, née en 1890, croupit depuis 1922 dans un hôpital psychiatrique en banlieue de Londres. En 1970, le psychiatre Zachary Busner révise le diagnostic initial et administre une drogue qui réveille la patiente, dont les souvenirs émergent d’une mémoire figée dans le temps. Pendant la guerre de 1914, elle fut employée à l’Arsenal, maniant les munitions, côtoyant la multitude de combattants des tranchées, assistant à la mort de son jeune frère : autant d’images surgissant d’un passé aboli. De nos jours, lors d’un pèlerinage à l’hôpital maintenant désaffecté, Zachary revit son histoire et médite sur sa propre vieillesse. Ce long roman appartient au genre dit du « courant de conscience », procédé où l’auteur (Le piéton de Hollywood, NB décembre 2012) écrit au fil de la pensée. Des passages en langage parlé parsèment une narration classique : le lecteur croit reprendre pied, quand des associations d’idées étranges où s’entremêlent hallucinations et réalité, des mots fabriqués ou très savants, des répétitions compulsives le terrassent. La critique des établissements psychiatriques – où les êtres, tels le parapluie, sont des objets quelconques souvent perdus – s’étire dans ce texte sans chapitres, exubérant, difficile, érudit et parfois séduisant.