Au cours d’un voyage de plusieurs mois dans le Sud-Est des États-Unis, surtout en Floride, Philippe Rahmy enquête sur les détenus abusivement incarcérés, et découvre exploitation, aliénation mentale, empoisonnement, sévices divers. Avec l’arrivée de Trump, peu d’espoir que justice et neutralité s’améliorent, la noirceur humaine risque de triompher, le racisme de se renforcer. Campagne détruite, villes polluées, sauf les paradis des nantis, même la beauté des Everglades et la mangrove exotique peuvent cacher les pires escrocs. L’auteur (Monarques, NB novembre 2017), mort en octobre dernier de la maladie des os de verre, éprouve l’empathie sincère d’un souffrant permanent pour ces blessés de la vie, écrasés, méprisés, détruits. S’il abhorre Trump, il éprouve un sentiment ambivalent pour l’Amérique, il l’aime et la déteste à la fois. En phrases longues, ou hachées, il exprime sa douleur et sa fureur, dans une satire virulente des institutions qui excluent plutôt que de stimuler le désir de s’en sortir. Des souvenirs personnels s’insèrent dans le récit, accentuant le coté éclaté et très noir de ce roman dans lequel il remet en question son statut d’écrivain enquêteur. Pour lui, seule la littérature permet d’entrevoir une parcelle d’espérance dans cette mosaïque complexe. (S.La. et B.T.)
Pardon pour l’Amérique
RAHMY Philippe