Ommi élève son fils à coups d’injures et de ceinturon. Le jour où elle attend un enfant de son nouvel amant, elle met Mohamed, 10 ans, à la rue, dans leur quartier miséreux et dangereux de Tunis. En unique ressource, un thermos de couscous – volé dès le premier soir. Les injures ? ce sont les cris de désespoir d’une mère, qui ne veut pas voir son fils chuter comme elle, dans le cercle infernal misère-alcool-sexe. Le battre est son unique moyen pour le rendre plus fort, et Mohamed le comprend. C’est pour elle qu’il veut s’en sortir, à elle qu’il écrit de belles lettres « non lues ». Employé trois ans chez un riche lettré, qui lui apprend à lire, Mohamed est injustement mis à la porte, trois dinars en poche. Entre mourir de faim devant une simple chorba ou mourir assassiné, il choisit la vie et accepte, de façon réfléchie, une coucherie, utile à son salut. L’honnêteté semble réservée aux seuls riches.
La lutte héroïque de Mohamed contre la déchéance, accomplie dans la tenace fidélité au rêve de sa mère (une vie, propre, à Paris), agit sur le lecteur comme un décapant. Aurait-on la force de vivre un pareil itinéraire ? Âpre et cru, réaliste et profond, ce livre s’adresse à des adolescents matures, déjà capables de réfléchir à la complexité des choix humains.