Poète, romancier, dramaturge, franquiste, et, surtout, brillant chroniqueur, César González Ruano (1903-1965) fut correspondant de guerre à Berlin. Pourquoi abandonna-t-il cette fonction lucrative pour s’installer fin 1940 à Paris, où il mena une vie bohême et fastueuse dans les eaux troubles de l’Occupation ? Pourquoi fut-il incarcéré par la Gestapo en 1942 à la prison du Cherche Midi, ne devant sa libération qu’à l’intervention de l’ambassadeur espagnol de Lequerica ? Ses Mémoires entretiennent l’ambiguïté sur cette période.
Armé d’une remarquable connaissance de cette époque et d’une plume acérée comme un scalpel, José Carlos Llop, lui-même écrivain (Le Rapport Stein, NB avril 2008), s’attache à débusquer la personnalité réelle de cet homme énigmatique. Il se dégage progressivement de cette traque (passionnée et haletante) le portrait sans fard d’un personnage trouble. L’enquête, méthodique, n’exclut aucune piste sans jamais aboutir Les références nombreuses à Modiano ne sauraient servir de caution à un texte qui manque avant tout de charme.