1506. Michel-Ange, en froid avec Jules II, abandonne le chantier du tombeau papal. Convié par le Grand Turc qui souhaite de sa part un projet de pont sur la Corne d’Or, il débarque à Constantinople. Il jouit des services d’un drogman, mais surtout de la compagnie du poète favori du Grand Vizir. Imprégné de l’atmosphère de la ville, de la grandeur de son architecture et de l’exotisme de sa population, il travaille sans grande ardeur, entre soucis d’argent et ébats nocturnes, à ce projet grandiose qui n’aboutira pas.
Un croquis retrouvé dans des archives est à l’origine de cette fiction historique pleine de poésie et de sensualité, peuplée de personnages réels ou inventés. Tout est restitué avec une grande élégance : la cour du Sultan, les artistes, les tavernes, l’activité du port. L’auteur butine ses réflexions au gré des aventures de son héros, crée des liens imaginaires avec les œuvres à venir de l’artiste, explore la longue maturation de la création d’une œuvre. Une jolie fantaisie, qui ne restitue pas vraiment la démesure du grand homme mais dont le charme agit cependant, contrairement au livre précédent, Zone (NB août-septembre 2008).