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AUBRY Gwenaëlle

Traumatisée par les événements du 11-septembre, la mère de Sarah a immigré en Israël avec sa fille. Celle-ci déambule dans Jérusalem pour s’approprier la ville et son histoire. Leïla, jeune Arabe d’un camp de Cisjordanie, rêve de la ville sacrée qu’elle a dû quitter très jeune ; cette visite la comble, court répit dans la vie terrible du camp palestinien. Un attentat ravive la peur de la première, tandis que les mesures militaires qui s’ensuivent conduisent la deuxième à l’extrême. Gwenaëlle Aubry (Personne, NB décembre 2009) offre un roman à deux voix alternées, l’une juive et l’autre arabe, de jeunes filles sensibles aux couleurs et aux odeurs d’une terre aimée et déchirée, et toutes deux victimes. Dans un double crescendo dramatique leurs destinées parallèles se rejoignent dans le dernier chapitre. L’auteur présente en miroir une histoire et une culture ennemies, hantées par les morts de la Shoah d’un côté, de l’autre par la misère et la dépossession depuis 1948. La haine et la violence, omniprésentes, l’amour malgré tout, sont décrits dans une langue forte, juste, sans complaisance, sans pathos ni dogmatisme politique. Langue qui va jusqu’au poème quand l’intensité des sentiments atteint son paroxysme. Grâce puissante de ce roman au sujet délicat.