Dans Innocenti, un artiste visite la maison du Rosaire, une institution pour jeunes filles qui vient de fermer, lieu encore imprĂ©gnĂ© du parfum du scandale et des pratiques douteuses des rĂ©sidents. Dans Le portier, Lâadoration ou Le clou, dâautres corps, souvent jeunes, frĂ©missent de dĂ©sir et sâoffrent Ă la concupiscence dâadultes compatissants. Dans Passage de lâombre, la mort sâinvite avec discrĂ©tion. Ailleurs elle est attendue, prĂ©parĂ©e, imaginĂ©e.   Dix ans aprĂšs la disparition de Jacques Chessex (Un Juif pour lâexemple, NB fĂ©vrier 2009), ses fils font paraĂźtre un recueil de dix-sept nouvelles dont sept ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© publiĂ©es. Sont magnifiquement Ă©voquĂ©s, dans une prose poĂ©tique envoĂ»tante les paysages vaudois, la proximitĂ© miroitante dâun lac, la prĂ©sence caressante de la nature dans le vol des oiseaux ou dans les sons feutrĂ©s de la pluie ou de la neige, dĂ©licat linceul qui prĂ©pare le narrateur Ă lâeffacement. Nulle rĂ©volte, nulle nostalgie dans cette acceptation de la condition humaine. Lâauteur interroge dans certaines nouvelles lâexpĂ©rience de la voluptĂ©, difficilement rĂ©primĂ©e par la morale calviniste, qui voisine dangereusement avec lâextase mystique et esthĂ©tique. Un recueil qui propose la mĂ©ditation apaisĂ©e dâun homme qui se prĂ©pare Ă mourir. (A.K. et A.-M.D.)
Passage de l’ombre : et autres nouvelles
CHESSEX Jacques