Une jeune femme, originaire de Moselle, est chargée d’y tourner un film sur les usines abandonnées et leurs ouvriers maghrébins, les chibanis. Fahd devait le tourner avec elle. Lui aussi est né en Moselle, fils d’un de ces travailleurs algériens. Mais il a disparu. Elle le cherche, sans succès. Elle évoque ses propres grands-parents, « malgré-eux » enrôlés dans l’armée nazie, le grand-père combattant sur le Front de l’Est, s’évadant ; dans leur maison bien rangée, photos et archives témoignent de ces temps troublés. Et Fahd ne revient toujours pas, parti peut-être vers un autre destin. Le sort injuste des harkis, des chibanis et des « Malgré-nous » est dénoncé par la narratrice au tempérament généreux et bavard. Dans le paysage industriel déserté, elle détaille tout à loisir ce qu’elle voit, ce qu’elle vit, ses itinéraires, ses rencontres, son retour dans la maison des grands-parents. Associations spontanées, souvenirs, réflexions sont soigneusement recueillis. C’est parfois touchant, intéressant ou percutant, pas toujours pertinent ; l’ennui s’installe. La recherche de Fahd, encombrante au début du récit, finit cependant par prendre une signification politique. Et le sort de cette région occupée par les Allemands en 1870, réoccupée en 1940, avec le retour difficile de l’après-guerre, mérite d’être rappelé. Premier roman, ambivalent… (M.W. et A.-M.D.)
Passé inaperçu
SCHAFF Gabrielle