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Dans la mémoire collective, le nom de l’avant-dernier président du Conseil de la IIIe République est associé au désastre de la défaite française de 1940 face aux armées allemandes. Avec le recul du temps et au terme d’une chronique minutieuse, parfois quotidienne, habilement contée, Jean-Pierre Guichard – historien auteur de deux ouvrages sur de Gaulle –, fait un bilan nuancé de l’action de Paul Reynaud, comme ministre des finances de septembre 1939 à mars 1940, puis comme chef du gouvernement de mars à juin 1940. Il en ressort un homme de grande valeur qui avait pressenti la catastrophe en réclamant avec de Gaulle la création d’une arme blindée autonome et puissante, fut partisan de la lutte jusqu’au bout pour la victoire ou l’honneur, et prêt à faire passer son gouvernement et les restes de l’armée en Afrique du Nord. Mais ne voulant pas « couper la France en deux », il fut le marchepied involontaire du pétainisme et du gaullisme, lesquels le vouèrent tour à tour aux gémonies de l’Histoire. Très documenté et équilibré, plongeant dans l’oeil du cyclone, faisant défiler des dizaines de protagonistes, l’essai est souvent captivant.