Jean Cosmo, employé à La Poste, rencontre, lors d’un mariage, la belle Paula, sœur d’un amour d’enfance. Une soudaine attirance le pousse alors à engager la conversation avec cette enseignante, qui vit dans l’aisance grâce à la situation sociale opulente d’un mari souvent absent. Au plaisir de flâner dans Paris, succèdent très vite des ébats passionnés suivis d’escapades amoureuses jusqu’au jour où l’époux a des soupçons.
Patrick Lapeyre (La Splendeur dans l’herbe, Les Notes mai 2016) explore souvent dans ses romans les blessures amoureuses, à travers les conversations des amants. Une liaison improbable, née grâce à l’« innocence du hasard », réunit une bourgeoise aussi ardente que pieuse et un homme du peuple sans ambition mais féru de philosophie. Si l’érotisme de l’amant a une dimension métaphysique, à la lumière du concept de l’« Être » cher à Heidegger, rien de tel chez la jeune femme, très vite hantée par la culpabilité. Le bavardage amoureux parfois loufoque est un peu vain au début mais gagne progressivement en subtilité et en délicatesse. Les références culturelles contribuent à poétiser une éducation sentimentale de plus en plus émouvante, fragilisée par l’inégalité sociale et la dure réalité du monde. (A.K. et M.Bo.)