Sur la grande dune vivent Touffu et Taffeta, deux lapins ancrés depuis des lustres sur ce territoire de sable et d’oyats piquants. Ces deux-là n’avaient guère de voisinage ni d’encombrants voisins jusqu’au jour où l’on construit une digue pour se protéger de la mer imprévisible. Les maisons se rapprochent. Bientôt c’est une ville et son tintamarre. Pris dans la tourmente les lapins reculent, puis s’enfouissent, puis cédent la place. C’est compter sans le mouvement lui aussi constant, mais dans l’autre sens, du sable qui, grain à grain, reconquiert le terrain.
Enseignante dans le Calvados, sa terre de coeur, l’auteur signe son troisième ouvrage pour enfants. Parce qu’elle y vit et la voit évoluer, la dune est, pour elle, « en danger de mort programmée». Il ne s’agit pas de critiquer à tout crin l’urbanisation mais d’éveiller les consciences des acteurs de demain au devoir de protection du monde qui nous entoure ; en apprenant à le partager dans le respect et des éco-systèmes, et des êtres humains avec leurs besoins toujours croissants. La poésie des mots qui s’enlacent et s’entrechoquent et des illustrations toutes penchées dans le sens du mouvement servent un message somme toute assez difficile.