Peintre inspiré sensible et imprévisible, fragilisé par un tempérament emporté, Jim s’est retiré dans le Colorado. Il s’y réfugie dans son art et dans la pêche, luttant pathétiquement contre les images d’un passé houleux qui le hante. La prison après une bagarre, le départ de sa femme, et surtout la mort de sa fille, tant de drames le minent. Repris par ses vieux démons, choqué par le traitement que Dell, organisateur de chasses douteuses, inflige à sa petite jument, Jim le tue. Dès lors, soupçonné par la police, poursuivi par le frère de Dell, harcelé par son galeriste, Jim doit quitter sa thébaïde… Après La Constellation du Chien (NB juillet-août 2013), entre roman psychologique, roman philosophique et roman policier, le nouvel ouvrage de Peter Heller hésite magistralement. La plume fluctue : apaisée et contemplative dans l’évocation de la nature, chaotique, presque époumonée, dans les scènes de poursuite, spéculative, circonspecte dans les digressions sur le sens. Toujours juste, vraie et captivante. Un récit sauvage, profond, enlevé, sur l’art et la violence, l’amour et la douleur, un questionnement aussi sur le bien et le mal. L’épilogue de ce beau livre, divine surprise, est le point d’orgue que l’on n’osait espérer… (J.T. et C.R.P.)
Peindre, pêcher et laisser mourir
HELLER Peter