Un musée imaginaire ouvre ses portes : le sommaire en forme de plan guide le lecteur de salle en salle, en un parcours chronologique qui ne respecte pas la succession des pages. « Une et trois chaises » occupe la page de garde, comme un clin d’oeil de Joseph Kosuth à la présence des surveillants de musée. Présentation astucieuse ! Quant à la visite, chaque toile, connue ou pas, est accompagnée d’une fiction qu’elle a inspirée à Bernard Friot. Tantôt poétiques, tantôt drôles ou malicieux, ces textes, loin du commentaire académique, sont autant de lectures possibles des toiles d’Arcimboldo, Modigliani, Freud etc. Brillants exercices de style, ils les racontent, animent leurs personnages, interrogent le sens. L’écriture, mimétique, reflète parfaitement la tonalité ou le registre de l’oeuvre qu’elle accompagne : romantique avec Gaspard Friedrich, ailleurs en forme de calligramme pour dessiner les courbes d’un portrait, ailleurs surréaliste. Le lecteur est ainsi convié à une découverte de la peinture fondée sur l’émotion. Une approche de l’art pour qui aime les mots autant que la peinture, proche d’un dictionnaire amoureux.
Peintures pressées
FRIOT Bernard