Pélerinage en eaux troubles

Le vieil Adam, qui n’a pour compagnon que son âne, est le gardien et la mémoire d’un village d’Anatolie, à moitié englouti par les eaux de retenue d’un barrage. Deux jeunes ingénieurs arrivent, invités par deux soeurs, jeunes filles du pays. Officiellement elles s’intéressent à une mosaïque romaine mais, en fait, elles veulent élucider des secrets de famille. Adam – simplet et toujours obsédé par la mort de sa fiancée – s’inquiète puis se raconte peu à peu. Les relations se compliquent car il se contredit et semble avoir un passé trouble.   Michel Dessaigne (Ombres de vie, NB janvier/février 2015) mêle projets immobiliers très modernes – sur fond de spoliation de villageois incapables de se défendre – et luttes ancestrales entre Turcs et Kurdes. Le contraste entre le vieil homme – gâteux ou retors ? – et les jeunes gens, en particulier une des jeunes filles – est sans cesse ambigu. L’écriture est alerte, et pourtant le roman semble tellement long – sans que rien ne nous éclaire vraiment – qu’on n’a pas envie de connaître le fin mot de l’histoire. Tant mieux, car il n’y en a pas … (A.V. et M.-C.A.)