Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ?

Que cache ce titre intriguant ? Dès la première page, les surprises commencent. Pour qui s’inquiète cette petite dame âgée? Un enfant, son petit-fils ? Non, elle s’enquiert de son fils, un bon gros bonhomme d’une quarantaine d’années, son Michelou handicapé physique et mental. Elle s’inquiète de lui, lui lave son tee-shirt pour qu’il le retrouve tous les matins, lui rappelle calmement que son feuilleton préféré ne commence qu’à 19 h 30, lui offre son nième jeu « puissance 4 », supporte ses violentes colères. C’est un garçon gentil, Michel !

Zidrou décrit cette existence réglée en courtes tranches de vie telles des nouvelles . Arrivé aux dernières pages, on comprend tout : l’accident de voiture avec sa petite amie Bianca, le coma, la transformation de celui qui reste toujours son fils. L’histoire de ces deux-là n’est pas facile, certes, mais Catherine, entourée d’amis, de solidarité, tricote une vie de tendresse, et même de poésie. Malgré la lassitude, l’angoisse de l’après, elle continue à vivre et choyer son fils. Un superbe chant d’amour héroïque. La rondeur du dessin de Roger, l’attachement pour ses personnages qui transparaît dans son graphisme, donnent toute sa puissance à ce livre.