Pères, fils, primates

BILBAO Jon

Un ouragan s’approche du Mexique : Joanes quitte Cancùn en voiture tandis que sa femme et sa fille sont évacuées en bus. En route, il recueille un couple de vieillards apparemment abandonnés ; la femme est paralysée et l’homme n’est autre que son ancien professeur de mathématiques de l’université, brillant mais sadique, et responsable selon lui de l’échec de sa carrière. Perdu dans les embouteillages, le trio échoue dans une auberge sordide et surpeuplée où les deux hommes s’affrontent : rancune d’une part, perversité de l’autre, l’enjeu étant quelques minutes de communication encore disponibles sur le téléphone de Joanes.  Spécialiste de littérature fantastique, l’auteur analyse de manière réaliste l’enfermement progressif de ses personnages, tant dans leurs propres caractères – désir de vengeance de l’ancien étudiant, froide obstination du professeur manipulateur – qu’au coeur de la tempête. Leur comportement de primates est peut-être symbolisé par la présence étrange d’un couple de chimpanzés. L’intrigue, originale mais un peu artificielle, et les digressions atténuent la tension psychologique de ce thriller. Le ton est froid, le style classique et maîtrisé, le dénouement énigmatique. (M.B. et J.C.-N.)