Personne bouge

JOHNSON Denis

Jimmy Luntz, joueur, chanteur à ses heures dans une chorale barbershop, a des dettes, et Gambol entend bien récupérer cet argent. Mais le petit tour en voiture ne se passe pas comme prévu : Luntz tire une balle dans la cuisse de son adversaire et, incapable de l’achever, l’abandonne sur une aire d’autoroute. En cavale, il croise la belle Anita, victime d’une arnaque de son mari et décidée à se venger. Ils unissent leurs destins pour quelques jours, ou plus. Après l’ample Arbre de fumée (NB octobre 2008) consacré au Vietnam, Denis Johnson réduit son champ d’action à la Californie des petits malfrats et des cruels requins. Dans une ambiance poisseuse, entre clopes, alcool, flingues et une pointe de sexe, la peur, la violence et la cupidité font rage. Inutile de chercher une morale dans cette histoire peuplée de personnages peu reluisants : les plus impitoyables ramassent le paquet et les « losers » restent, au mieux, fauchés. Le style nerveux et lapidaire, les nombreux dialogues à la langue verte et crue, immergent immédiatement et avec efficacité dans cet univers sans fard où les sentiments s’invitent malgré tout, en catimini.