Dans le collège où il est enseignant, Stéphane Guinoiseau rencontre Sam Braun lors d’une conférence sur la Shoah. L’ancien déporté décrit son arrestation à l’âge de seize ans, puis l’arrivée à Auschwitz où ses parents et sa petite soeur furent immédiatement gazés. Le professeur est impressionné par l’impact sur les jeunes du récit de ce rescapé des camps devenu médecin. Pour en élargir la portée grâce à l’écriture, il guide avec discrétion cette difficile plongée dans le passé. Si la première partie s’apparente à d’autres témoignages de déportés, le reste de l’entretien est plus personnel. Sam Braun analyse avec lucidité la frustration de son retour face à l’incompréhension quasi générale, puis la bouleversante visite d’Auschwitz avec sa famille en 1995. Il compare son témoignage à celui de Primo Levi, de Jorge Semprun ; lui-même aura dû attendre quarante ans pour sortir du silence et transformer le devoir de mémoire en un “travail de mémoire” constructif. Ne se posant ni en héros ni en victime, il fait un pari humaniste : l’espérance contre la haine. Simple et fort, un livre marquant.
Personne ne m’aurait cru, alors je me suis tu : entretien avec Stéphane Guinoiseau
BRAUN Sam