Personne ne peut arrêter une fille qui rêve

Une photo, puis une voix : Claire perd dès cet instant le contrôle de sa vie. Gabriel, célèbre avocat, devient son unique raison de vivre. Elle réussit à devenir sa secrétaire, puis avocate pour être en permanence auprès de lui, du moins professionnellement. Il a sa propre existence, ne la regarde presque pas, lui donne seulement des directives, sans jamais d’attentions. Elle se sépare de son « gentil fiancé », oublie famille et amis. Comme elle ne fait pas correctement son travail, elle est renvoyée. Alors, elle laisse commettre l’impensable, espérant ainsi garder son amour pour toujours dans son rêve. C’est presque sa propre histoire que raconte l’auteur (Paroles d’innocents, NB juin 1992), avocate au coeur d’un tragique fait divers il y a une trentaine d’années. Au-delà d’une passion amoureuse dévastatrice, il s’agit aussi d’une vision terrible de la justice à la veille de l’abolition de la peine de mort : portrait à charge des avocats et des magistrats, description effrayante du monde carcéral et évocation du militantisme gauchiste de cette époque. L’écriture à deux voix, à la fois sobre et précise, avec des ruptures de tons, fascine le lecteur jusqu’au bout.