Cela arrivera peut-être demain… Le monde est triste : il est devenu impossible de s’aimer librement, car une maladie fait mourir ceux qui s’aiment. Petit monsieur, seul dans la grande ville, n’ose pas déclarer son amour à Mademoiselle Lucie. Alors, il se met à lire des livres, à construire un laboratoire pour étudier et étudier encore… Quand il trouve le remède, les gens sont si heureux qu’ils allument une bougie à leur fenêtre en son honneur. Mais lui ne veut pas affronter cette foule qui souhaite l’honorer…
Curieuse façon d’évoquer une « maladie mortelle » – le sida – qui reste dans le flou, sans que l’on précise si elle est physique ou morale… Symbolique de la solitude du chercheur, celle du petit homme qui mène son combat dans le secret de sa maison est tout aussi difficile à interpréter. Sur le texte poétique et doux, Éric Battut met des images bien dans son style : aplats de couleurs vives en pleine page – rouge et bleu -, esquisse d’un décor urbain dans lequel le minuscule personnage semble écrasé par le destin contre lequel il s’insurge, végétation stylisée en forme de coeur qui dit la pérennité de l’amour dans la vie. Un album léché, mais dont la clef reste obscure.