Arraché très jeune au hameau slovaque de sa famille tzigane, Andrejko, malingre mais habile, misérable mais idéaliste, ne cesse de fuir, que ce soient ses oncle et tante qui vivent à Prague et l’obligent à mendier et voler, la maison de correction, une ville industrielle où il tente de s’intégrer vainement, ou un asile. Il retourne une deuxième fois au berceau familial déserté, dans les montagnes, avec sa belle petite cousine. Un pauvre bonheur saccagé encore par la haine atavique entre Blancs et Tziganes, malgré la sympathie de quelques-uns.
Un roman tchèque étrange et envoûtant. Malgré les difficultés de la traduction, la langue imagée, sensuelle, frémissante, véhicule l’émotion et donne vie à la société multiethnique tchécoslovaque de l’après-guerre, bouleversée par les changements politiques et économiques qui s’inscrivent en filigrane. Différents, les Tziganes parlent romani et sont vus comme des parasites : ils ne possèdent rien, ne travaillent pas, volent, mendient, se prostituent, boivent, dégradent les lieux qu’on leur attribue. Mais ils chantent, dansent et pleurent, ont le sens de la famille et du bonheur, savourent l’instant. Les épreuves endurées par le jeune Tzigane écartelé entre plusieurs cultures aident à mieux comprendre ceux qu’on appelle aussi les gens du voyage. Un premier roman talentueux.