Petites leçons sur le grec ancien

ROMILLY Jacqueline de, TRÉDÉ Monique

Une langue morte, le grec ancien ? Idée reçue à combattre en urgence devant la crise des études classiques. Les deux auteures démontrent brillamment qu’aucune langue n’a jamais eu ni gardé encore une telle vitalité. Elle s’est infiniment nuancée en devenant, avec Homère, une langue littéraire. Elle s’est sans cesse enrichie pour restituer les méandres de la pensée (science et philosophie), donner sa force au discours (art oratoire), convoquer les dieux et les hommes (théâtre, surtout tragique), faire naître des images presque éternelles (poésie)… et la liste n’est pas close. Par la dérivation, le jeu des suffixes et des préfixes, elle sait multiplier les mots à l’infini. Le système des désinences permet aux mots d’occuper la place de leur choix dans la phrase. Les conjugaisons autorisent toutes les nuances, les particules de liaison assurent une extraordinaire vivacité des raisonnements et des dialogues… L’Europe entière, linguistique, littéraire, scientifique, lui doit tout – ou presque. La postérité des racines grecques est plus vivante que jamais. Les nombreux exemples, très courts, sont convaincants ; ils témoignent d’une connaissance profonde, intime, exhaustive – amoureuse ? – du grec. Cet ouvrage militant, facile à lire, donne envie d’entreprendre l’étude de cette langue et de persévérer dans son apprentissage.

M.-C.A.