Petites scènes capitales

GERMAIN Sylvie

Une petite fille aussi entière, curieuse, enthousiaste, dévouée que Lili, peut-elle vivre sans l’amour d’une mère disparue quand elle avait onze mois. Elle ne la connaît que d’après une photo et ne se console pas de son absence, mais elle est presqu’heureuse seule avec son papa jusqu’à l’arrivée d’une belle-mère avec ses quatre enfants. Elle n’a plus le temps de rêver, il lui faut partager, composer, vivre d’autres épreuves. Elle s’éparpille, doute, change souvent de voie jusqu’à vivre en communauté hippie, côtoie la mort. Peu à peu les secrets de famille se dévoilent, ses yeux se dessillent et l’amour se faufile dans sa vie. Sylvie Germain (L’inaperçu, NB septembre 2008) n’a nul besoin de longs développements, tout est dit en cinquante petites scènes capitales sur cette grande famille : quelques mots poétiques, lumineux, colorés, émouvants lui suffisent. Elle ne juge pas, elle nuance : un fruit est en même temps aigrelet et possède la douceur du miel, l’exultation est proche de l’angoisse, ombre et lumière réjouissent les yeux. Comme des fleurs musicales quelques paroles des merveilleuses chansons de Barbara parsèment ce bien joli roman qui de la dureté glisse vers l’apaisement.