Petra

Petra est une montagne qui brave le temps et les éléments, solide et fière. À moins qu’elle ne soit un modeste caillou que le chien attrape dans sa gueule et rapporte à son maître. Mais de ce destin-là, elle ne veut pas. Lancée, elle atterrit dans un nid, alors elle s’imagine oeuf remplie de surprises à venir – dinosaure, pingouin, ornithorynque. Chassée par le parent oiseau, elle échoue dans une mare : la voici île paradisiaque. Cueillie par une main d’enfant, peinte en bleu, elle sera finalement un éléphant, et ça lui plaît. Et demain ? Elle a confiance !  Les dessins épurés sur fond blanc proposent un univers plein de douceur et de poésie dans lequel trône Petra, reine imaginaire des identités qu’elle s’invente. Posée comme énorme et immuable dans les premières pages, avec ses deux yeux fixes posés sur le lecteur, elle ménage la surprise de sa taille réelle. Quand surgit le museau du chien, la stupéfaction est totale ! Son expression, minimaliste, tient toute entière dans les deux traits de son nez. Son hiératisme contraste avec le décor qui change autour d’elle, au gré de son imaginaire ou des circonstances. Jouet confiant de son environnement, elle séduit par son optimisme et sa bonne humeur. (M.D.)