Pour commencer, la page de garde est sacrément en bazar: un fouillis de bureau, avec crayons, petits jouets, carte d’Europe, etc. Rendez-vous à la fin pour le résultat du rangement opéré par Ursus Wehrli, brillant maniaque récidiviste. Après avoir rangé les oeuvres d’art (L’art toujours en bazar, NB avril 2009), il s’attaque aux photos, et, par ce biais, à la vie quotidienne. Tout l’inspire : une branche de sapin, une soupe de pâtes, du linge étendu à sécher, un bac à sable, et rien ne lui fait peur : le ciel étoilé, un plan de métro, une cour de récréation, une équipe de football. La branche de sapin est décomposée en brindilles et aiguilles soigneusement alignées, les lettres de la soupe sont classées par ordre alphabétique, le linge trié par couleur.
Disposées face à face, les images étonnent, amusent, séduisent. Certains rangements sont immédiatement compréhensibles, d’autres suscitent la réflexion et l’observation. Certains sont des gags (les bretzels dépliés, remplacés par des stickers, ou les poissons rouges « rangés » en bâtonnets panés), certains sont graphiques et esthétiques. Il y a des constantes (les gens alignés par terre, les tris par couleur) et de vraies surprises. C’est drôle, fûté, et ça fonctionne très bien à tout âge. Quelques photos du « making of » sont proposées, donnant une idée du travail effectué.