Photographe passionné qui entasse chez lui d’innombrables tirages, Jean est licencié à cinquante-huit. Divorcé, sans enfant, il sombre dans une existence morne dont un caractère pusillanime et taiseux ne l’aide pas à s’extirper. Lié à quelques rares amis et anciennes amours, il évolue de Pôle Emploi aux Prudhommes, soumis à son destin, ressassant ses souvenirs au fil des différents bistrots d’une zone circonscrite à Asnières, Courbevoie, Gennevilliers, parfois les 17e et 8e arrondissement. Ses quelques rencontres – avocate, « congénères » chômeurs – n’élargissent que furtivement son environnement mélancolique. Fidèle à ses procédés narratifs (Il faudrait s’arracher le coeur, NB avril 2012), Dominique Fabre accumule les descriptions monotones aux détails scrupuleux, inlassablement répétées où l’on cherche vainement quelque élément positif. Un style chaotique, des phrases proches du langage oral, parfois très brèves, des redites multiples imagées par le leitmotiv « nous ne sommes pas nés de la dernière pluie » concourent à exprimer la vacuité d’une vie. Malgré quelques fugaces lueurs d’émotion, cette peinture sans cohérence temporelle, même si elle relève de la prouesse technique, tourne en rond dans un univers glauque, parfois gluant, strictement défini dans l’espace.
Photos volées
FABRE Dominique