Dans ce village des CĂ©vennes profondes, avec ses marginaux qui vivent de trois fois rien, tout le monde se connaĂźt, et Pierre, qui ne peut s’empĂȘcher de dĂ©rober des objets, n’est pas un mauvais bougre. Il prend, mais il restitue dĂšs qu’on le lui demande, ou il donne aux autres. La notion de propriĂ©tĂ© ne fait pas partie de sa culture. La communautĂ© s’en accommode. On boit des coups, on s’Ă©nerve, mais Pierre, qui ne sait pas mentir et ne nie jamais, fait partie des leurs. Aussi quand il est injustement accusĂ©, le village se mobilise.
Une trĂšs belle Ă©criture, dont le narrateur est un « on » qui parle au nom de tout le village, et qui a la sagesse de ceux qui ont vĂ©cu : voler entre soi ce n’est pas grave, voler les « estrangers » ça ne se fait pas ! Morale et religion s’en mĂȘlent, le curĂ© et le pasteur ont des positions aux antipodes. La plupart des personnages sont des adultes, mais il y a aussi des enfants, en particulier Rosy-Rosette qui rĂ©cupĂšre en douce les objets dĂ©robĂ©s afin de calmer les esprits. Ce rĂ©cit a le bon goĂ»t du terroir au pays des Camisards et se termine sur un joli pied de nez aux esprits Ă©troits. (A.E et C.B.)