Tel que l’a voulu Collodi, le pantin de bois qui voulait devenir un vrai petit garcon n’a pas grand chose à voir avec l’attendrissant héros édulcoré de Walt Disney. Vaurien, capricieux et égoïste avant même d’être fini, Pinocchio tourne le pauvre Gepetto en dérision. La suite de ses aventures prouve la faiblesse de son caractère crédule, la bouche pleine de bonnes résolutions inlassablement prises et jamais tenues, proie facile pour les nombreux plus malins que lui qui le mènent, sans scrupule, par le bout de son nez à taille variable.
Initialement, Collodi voulait écrire un conte-avertissement. Respectueux de l’oeuvre publiée en 1881, Chauvel garde le côté moralisateur du texte qui aurait sans doute gagné à une formulation plus légère. Heureusement ses dialogues sont rythmés et soignés, incluant quelques notes d’humour et de tendresse. La mise en images élégante – trait fin et ferme, décors variés et fouillés, couleurs et ambiances travaillées avec richesse – met en valeur le côté onirique du récit. L’histoire de Collodi en 36 chapitres, est une longue histoire: ainsi en va-t-il donc de cette belle version à la fois classique et moderne.