Le narrateur, Abel, moine réduit à l’état laïc, met de l’ordre dans les affaires de son frère aîné, Mutien, porté disparu en mer depuis plusieurs années. Il repart dans leurs souvenirs communs, dont le moment le plus fort s’est déroulé fin août 1944. Une colonne d’Allemands rentre en Allemagne et réquisitionne sur son passage deux chevaux de la ferme familiale. Mutien, accompagné d’Abel, poursuit le convoi dans l’espoir de récupérer ses chevaux. Très rapidement repérés, les enfants voyagent avec les Allemands. Passée la peur de la rencontre avec l’ennemi, vient le temps, non du pardon, mais de la pitié pour ce Mal commun à l’humanité. S’ajoute à ces réminiscences la découverte, pour Abel, de la personnalité de son frère adulte à travers lettres et indices qui lui font soupçonner la raison de son mal de vivre.
Le récit du voyage des deux enfants est vraiment attachant par la fraîcheur de sentiments que l’auteur sait restituer. Bernard Tirtiaux pointe la difficulté de vivre dans la rancoeur tout autant que celle de pardonner. Un beau roman humaniste.