Ohnain, petit village du Hainaut au sud de Maubeuge, à cinq kilomètres de la frontière belge, compte, en 1914, mille trois cents habitants. Quarante et un noms figureront sur le monument aux morts inauguré en 1922. Les Allemands occupent l’endroit dès septembre 1914 et vont y rester jusqu’en novembre 1918, pendant que les armées se font face dans leurs tranchées à soixante kilomètres de là. L’absence des hommes, le manque d’informations, les réquisitions, les privations, les deuils bouleversent la vie économique et sociale. Les caractères se révèlent. Les femmes découvrent une autonomie et une liberté nouvelles. Philippe Tabary (La Ruinette, NB février 2013), aujourd’hui fonctionnaire européen, écrit la chronique des cinquante-deux mois vécus « hors du temps » par son village natal, en s’appuyant sur des archives et des témoignages. On est plus souvent dans l’anecdote que dans le récit épique. Quand il évoque les conditions de la mobilisation générale, le climat politique et social, les relations internationales, la solidarité du maire anticlérical et du curé de campagne, il intéresse ; moins, quand il traite longuement des amours clandestines ou tarifées. Le style est curieusement apprêté, émaillé de jeu de mots et de sous-entendus hasardeux.
Pleurs au fusil
TABARY Philippe