« Ăa valait la peine de tenter lâaventure » dit-il quand il arrive au bout. Une aventure dans un Ă©trange pays : une Ăźle, une montagne au centre, une maison au sommet. Et dans cette maison du toit du monde, entourĂ©e de nuages, un vieillard solitaire qui sâennuie. Trois visiteurs, successivement, viennent et sâen vont. Alors pourquoi ne pas oser ?
Un beau texte raconte cet itinĂ©raire : quand on croit nâavoir plus rien Ă dĂ©couvrir il y a toujours, depuis Baudelaire, « les nuages qui passent⊠lĂ -bas⊠lĂ -bas⊠ les merveilleux nuages », attirants, effrayants. Ceux du dĂ©passement de soi, du rĂȘve ou de quelque autre dĂ©part. Lâillustration confirme cette dimension : en pleine page, servie par un graphisme minutieux, une Ăźle-monde, riche de dĂ©tails pittoresques poĂ©tiques, de la mer aux nuages en passant par lâĂ©tagement vĂ©gĂ©tal de la montagne. Le travail Ă la plume rend compte de lâĂ©paisseur des choses, y compris de celle de lâĂ©tonnante fantasmagorie des nuages. Les personnages burinĂ©s par le dessin ont lâĂ©trange prĂ©sence de hĂ©ros hyperrĂ©alistes et comme hors du temps. Un album dont on construit le sens en le lisant et en le relisant. (C.B.)