Plus rien que les vagues et le vent

Cannon Beach, Oregon. Trois hommes, éprouvés par la vie et éperdus de solitude, se retrouvent chaque soir dans un bar. Leurs manières vaguement menaçantes sont façonnées par le souffle de l’océan Pacifique, aux vagues furieuses, et la proximité de trois volcans. Après plusieurs bières, ils confient leurs secrets, leurs souffrances ou leurs souvenirs à un Français, arrivé là par hasard. Ce bout du monde – où s’arrêtèrent les explorateurs Lewis et Clark en 1805 –, avec ses longues plages battues par les flots, est la dernière étape d’un voyage sans retour pour cet étranger échoué dans une chambre de motel solitaire… Christine Montalbetti (Love hôtel, NB mai 2013) a choisi un titre évocateur pour ce récit très prenant qui semble jaillir d’une terre inhospitalière envoûtée par l’océan. De longues phrases s’enroulent et se déroulent, découvrant sur leur passage un moment de l’intrigue, dans un va-et-vient incessant. Les personnages, à l’épaisseur réaliste, se dessinent au fur et à mesure de leurs confidences. Le narrateur soliloque, cherche ses mots, toujours précis et vivant, comme devant un auditoire attentif et exigeant. On a l’impression de l’entendre. On lit à voix haute, pour le plaisir. Magnifique !