Se préparant à rendre les clefs de l’appartement de ses parents, la narratrice se remémore son quartier et son enfance, dans les années cinquante. Sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, est en maison de retraite, son père décédé. Ceux-ci, parmi les rares rescapés de la Shoah au sein de leurs familles respectives, se sont rencontrés à un bal juste après la guerre. Un attachement très fort lie cette femme à son ancien foyer, zone lisière entre banlieue et rues bourgeoises. L’adieu à la demeure se double d’un rite de passage, préparation à l’inéluctable et thérapie de deuil. Dans ce récit touchant, certains faits déjà évoqués dans La Biographe (NB mars 2007) sont rappelés et complétés de façon plus intime et plus visuelle. Le va-et-vient entre les époques s’enrichit de citations et de références. La nostalgie du passé et des réflexions fines sur la mémoire alternent avec l’affirmation d’une identité marquée par le Paris d’après-guerre. La plume élégante et le talent d’introspection d’Evelyne Bloch-Dano, biographe aguerrie, dégagent un charme discret et émouvant.
Porte Champerret
BLOCH-DANO Evelyne