Il est revenu dans sa ville natale qu’il n’aime pas pour subir une nouvelle chimiothérapie. Le cancer, qui le mine depuis de longues années, a provoqué une paralysie faciale accompagnée de surdité. Il est seul avec ses souffrances, ses cigarettes patiemment roulées, ses cafés difficiles à avaler et les rares livres qu’il a pu emporter. Poète et écrivain, il exprime son admiration pour ses auteurs fétiches, dit son aversion pour le monde ambiant inculte, tandis que remonte, par bouffées, son enfance globalement malheureuse. L’auteur, qui vient de disparaître, reprend les mêmes thèmes développés dans son précédent roman, Place des savanes (NB octobre 2011) : souvenirs de jeunesse, réflexions philosophiques, références poétiques et littéraires, mais sur un mode très sombre espérant sa fin prochaine. En de courts chapitres, d’une écriture forte et par le monologue sans pathos de son héros, il dresse le portrait d’un homme profondément meurtri mais déterminé à affronter sa vie et sa mort grâce à son amour salvateur pour la littérature. Impressionnant et sinistre.
Portrait craché
PIROTTE Jean-Claude