Portrait de l’écrivain en animal domestique

Une écrivaine reconnue, désargentée, attachée à sa liberté et croyant en la sollicitude humaine, accepte d’écrire, contre rétribution, la biographie louangeuse de Tobold, le roi du hamburger, mégalomaniaque, influent et tueur. Pour ce faire, elle le suit comme son ombre, présentée comme escort girl. Dès lors, elle se plie, flagorneuse, à ce monde impitoyable et luxueux. Au fil des mois, Tobold change tout en restant le même et la biographe se retrouve grandie et transformée.  Après La méthode Mila (NB février 2006), Lydia Salvayre dresse un portrait au vitriol d’une figure triomphante de l’ultralibéralisme. Un style alerte, coloré, acide, parodique, classique ou canaille, entraîne l’histoire à un rythme rapide et efficace. Et fait avec l’habileté de la trame le véritable intérêt du livre. Jamais dupe de ses caricatures, avec une certaine malice, mais sans matière véritablement inédite, Lydia Salvayre rappelle la solitude des puissants, l’attrait de l’opulence, la servilité des petits, la dictature des blessures d’enfance et la fragilité des postures.