À quatre ans, Jean-Jacques Brochier sait lire ; jeune étudiant, encouragé par ses maîtres, il dévore ce qui lui tombe sous la main ; pendant trente-cinq ans, il est rédacteur en chef du « Magazine littéraire ». Lui-même journaliste, romancier, essayiste, il acquiert une extraordinaire culture littéraire qu’il transmet à titre posthume sous forme d’entretiens avec sa collaboratrice, Nadine Sautel. Sans négliger certains éléments personnels (Algérie, animosité contre l’Église, art culinaire, chasse), il parcourt surtout, au gré de sa fantaisie parfois paradoxale, de son érudition, tout ce qui touche au monde des lettres : éditeurs, écrivains, Saint-Germain-des-Prés, nouveau roman, Sartre (Cf. Pour Sartre. Le jour où Sartre refusa le Nobel, NB mai 1995)… Ses jugements sont généralement bienveillants, parfois féroces cependant, encore qu’il estime le silence comme la plus acerbe critique. On apprécie son humour caustique, à l’exemple du « nègre du nègre » d’Alexandre Dumas, son goût pour certains auteurs méconnus, son sens profond de l’amitié. Un festival où la plume court après l’esprit dans un style alerte dégageant une jubilation contagieuse. Savoureux.
Pour l’amour des livres : entretiens avec Nadine Sautel.
BROCHIER Jean-Jacques