Marie vit dans un bidonville au bord de la mer, proche de Marseille. Un semblant de maison, inachevĂ©e et dĂ©labrĂ©e. Un mari, Joseph, qui travaille comme grilleur dans un restaurant, trois filles, BethsabĂ©e, Dalila et SĂ©phora. La falaise sâĂ©boule sous la maison de Judas, leur voisin, un incident parmi dâautres. Marie fait face, son balai Ă la main, sa lessive Ă Ă©tendre, vindicative, gouailleuse, au fil des jours dâun quotidien oĂč il ne se passe rien et pourtantâŠ
Entre poĂšme et rĂ©cit, ce texte prend son temps pour une chronique douce-amĂšre de la misĂšre ordinaire en milieu urbain. Sa mise en page obĂ©it Ă la double identitĂ© de prose poĂ©tique : le texte coule, presque dâun seul tenant, enchaĂźnant les petits faits de la vie, commentĂ©s par une madame-tout-le-monde, agaçante et touchante Ă la fois, un florilĂšge Ă elle seule de tous les clichĂ©s du moment ornementant un solide bon sens ! « Un exemplaire de lâhumaine condition » dans lequel nous retrouver peut-ĂȘtre ? Sensible dĂšs le titre, le charme de lâĂ©criture de Fabienne Yvert, plasticienne et Ă©crivaine, tient dans un subtil dosage entre tendresse, cruautĂ© et drĂŽlerie. (C.B et S.H)