En août 1964, Patrick, jeune consul de vingt-huit ans, est face à un peloton d’exécution, dans le cadre d’une prise d’otages à Stanleyville, au Congo. Avant de mourir, il revoit sa vie… Orphelin à six ans d’un père officier, il est élevé par ses grands-parents maternels et par une mère distante. Il découvre, pendant les vacances d’été, le château fascinant mais délabré du baron Nothomb, dont il est l’héritier direct, et subit pendant son séjour brimades et privations, ce qui, paradoxalement, l’aguerrit.
Amélie Nothomb (Les Aérostats, Les Notes septembre 2020) a choisi un récit à la première personne pour retracer l’enfance et la jeunesse de son père, en enserrant cette pseudo-autobiographie entre deux épisodes particulièrement dramatiques : l’exécution imminente d’otages belges à Stanleyville, chapitre liminaire d’une grande violence, et l’épilogue. Patrick Nothomb, négociateur hors pair, devient un héros, véritable double romanesque de Cyrano de Bergerac. Magnifique hommage au père, mort en 2019, dans la droite ligne des écrits autobiographiques de la romancière, ce roman évoque, à partir de souvenirs, de réminiscences miraculeusement préservées, enrichies d’analyses personnelles piquantes, un milieu, une époque, des anecdotes d’une drôlerie irrésistible sur l’extravagante tribu des Nothomb, sur leurs failles et leurs délires. Cette famille hors normes offre des portraits savoureux, magnifiés par une écriture ciselée, inimitable, pleine d’humour et de tendresse. Rien ne manque à cet excellent ouvrage pour captiver et émouvoir. (M.Bi. et A.K.)