Fille unique de bonne famille, choyée, adulée, Louise brille en classe presque autant qu’à ses propres yeux. Sa classe de 5ème est choisie pour monter Carmen et Louise, férue de musique, considère que le rôle titre lui revient de droit. Pas une seconde elle n’a imaginé que Manon, la nouvelle de la classe, bonne en tout, elle aussi, mais moins favorisée par la vie, la doublerait sur ce coup-là. Que Manon joue au foot avec les garçons en robe de première communion, soit, mais qu’elle lui ravisse LE rôle, la gloire qui va avec, et la proximité de Louis : pas question !
Avec ses deux uniques copines qui vivent dans son ombre, des parents qu’elle manipule à volonté, Louise est une vraie tête à claques qui n’a d’autres armes que son intolérable suffisance et son mépris systématique des autres. En exacerbant le trait, l’auteur la rend insupportable. En face, Manon, sympa, pas compliquée et pauvre, paraît fade, limite “bonne poire”. Double-jeu et sournoiserie sont les moteurs des “actions” principales de ce roman. Il est couronné par une fin bien-pensante, peu ajustée à l’acidité et à l’aigreur prédominantes dans ce récit d’une quête de soi bien mal menée par une adolescente en mal de limite pour son ego.