Le Médoc ! On y protège depuis une éternité ses coins à champignons, on y chasse le chevreuil entre copains de toujours, le temps y est rythmé par une horloge locale, le retour des noyades sur le littoral, etc…
Presqu’îles est un ensemble de courtes nouvelles, offrant le plaisir renouvelé d’une surprise au fil des pages et d’une chute drôle ou cruelle qu’on attend avec gourmandise, titre après titre. Pour structurer ce foisonnement d’instantanés, des titres encadrants : Étrangers, Noyades, La vie en face, Les règles… Manière d’organiser sans rigidité un éparpillement thématique. Ce recueil raconte ainsi le Médoc, sa forte identité, ses paroles définitives savoureusement absurdes pour exclure tous les « étrangers », du Bordelais à l’Arabe… de Clermont-Ferrand. La xénophobie locale est réjouissante ! Les premiers noyés croisés ici et là sont d’un autre registre : fataliste, sobre et pudique. Quant aux règles, enracinées dans ce terroir, force est de constater que, dans ce microcosme, on se fait justice sans bruit ! Le ton est alors à l’humour noir. Yan Lespoux connaît et aime ses personnages : il construit à petites touches d’une écriture aussi simple que précise, sans pathos, à mille lieues du régionalisme, un roman de la vie, celle de gens de peu. (J.G. et C.B.)