Après la mort de son mari, avec lequel elle avait eu un fils, Victor, Bernadette est tombée amoureuse de Philippe Lévy-Saltiel et l’a épousé. Le couple décide de quitter Paris et d’acheter une grande pharmacie dans une ville de province. Il n’a pas mesuré la défiance proverbiale des provinciaux pour ceux qui ne sont pas “du cru”, exacerbée lorsqu’il s’agit de Juifs notoires. Entre les chapitres qui racontent la triste expérience du couple, s’intercale l’histoire, pendant la seconde guerre mondiale, d’une famille de tailleurs juifs polonais, dont un des descendants est le professeur de latin-grec de Victor.
Tous les romans de Gilles Rozier tournent autour de la question juive, et le problème de l’anti-sémitisme latent est bien évoqué. On retrouve la finesse d’analyse psychologique notée dans Fugue à Leipzig (NB. février 2005), qu’il s’agisse de l’identité juive ou de la mentalité contemporaine, mais le lecteur sera sans doute un peu dérouté par la construction du roman, et lassé par un sujet passablement épuisé.