« Propos sur l’e muet », « De la fatigue », « Des vins », « Contre les romans », « Au sujet d’Aristote », voici quelques titres de ce recueil d’essais. Des promenades sous la lune, dans lesquelles l’auteur convie à partager ses plaisirs comme ses réticences, dans des domaines aussi multiples que variés : la littérature, l’amour, Venise, le punch ou les intellectuels! Défenseur de l’essai, « mélange incertain… d’épanchement, de poésie, d’humour, de polémiques et de bavardages étudiés qui nous délasse en nous instruisant », Maxime Cohen prévient, fort habilement, les préjugés du lecteur devant un genre jugé désuet, avec un chapitre intitulé « Des manières de lire ce livre ». Quelle aubaine ! On feuillette, on flaire, on s’attarde ou on s’esquive. Bref, on fait une « lecture dissolue » de ces récits où l’érudition, pesante parfois, côtoie la savoureuse poésie des potages, où l’éloge appuyé d’un genre se mêle à la critique acerbe, voire injuste, d’un autre. Conservateur général des Bibliothèques, l’auteur avoue sa passion du livre, livre objet, bien sûr, mais aussi réceptacle de la puissance immense des mots, ces mots qui enchantent ou blessent, apaisent ou révoltent, réjouissent ou assombrissent. Des « promenades » exigeantes certes, mais dont l’exigence même témoigne de l’intérêt et du plaisir de ce « vice impuni, la lecture », selon Valery Larbaud.
Promenades sous la lune
COHEN Maxime